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Il était une fois un pianiste californien qui fut le pianiste sur “Hotter than July” de Stevie Wonder, qui travailla avec Michael Jackson (l’un des synthétiseurs sur… « Billie Jean » c’est lui !), Paul Mc Cartney ou encore Shalamar et qui largua presque tout pour aller vivre à la Havane et y travailler avec les meilleurs musiciens de l’île…

Le génial Bill Wolfer nous revient donc très prochainement avec son 3ème disque « Directamente al mambo ». Ses deux premiers disques étaient de très haut niveau « Night of the living mambo » et « Entre La Habana Y El Yuma » (dont les invités prestigieux ne sont que Sixto Llorente « El Indio, » Manolito Simonet, « Pupy » Pedroso, et le leader de Klimax Giraldo Piloto !!), on s’impatientait d’un 3ème opus et c’est presque chose faite…

Après une mise en contact grâce à mon ami Leonel (l”Asterix” du Sud), il m’exprime sa joie sur son nouvel album qui est déjà mixé mais dont la masterisation est encore à finaliser. A priori 11 titres… Et là encore Bill Wolfer nous gratifie d’invités de marque, des génies du genre… Mais laissons-le parler, car cet homme est juste…passionnant !

Jack El Calvo : Bill, bonjour, peux-tu te présenter aux français qui te connaissent mal ? Mais aussi nous expliquer dans quel environnement musical tu es né ?

Bill : Bonjour. Wow. Qui je suis? Ne sommes-nous pas tous en train de chercher la réponse ? Bon, laisse-moi essayer. Ce dont je suis certain c’est que je suis un musicien ! Je me considère un bon musicien mais je suis loin de prétendre être un grand ou un important, j’essaie de faire au mieux ce que je fais… Je ne serai jamais Chucho (NDLR : Chucho Valdes) ou Mozart, mais j’ai encore des choses à dire avec ma musique.

Je ne suis pas né dans un environnement musical, je suis né dans l’Etat du Wyoming, que vous avez pu voir dépeint dans les vieux films de John Wayne. Le seul membre de ma famille qui jouait de la musique était ma mère, elle jouait du piano. Et bien que le Wyoming soit un bel Etat, la musique la plus populaire est la musique, qui ne m’a pas attiré quand j’étais plus jeune. J’écoutais de la pop et du rock à la radio, et j’ai toujours eu une affinité naturelle pour la musique, du moins de ce dont je me souviens !

Jack El Calvo : Parle nous de ta riche carrière musicale ?

Bill: J’ai été extrêmement chanceux. J’ai eu la possibilité de travailler avec des personnes qui sont mes idoles ! A la fin des années 70 , j’ai déménagé à Los Angeles, car j’ai réalisé que le Wyoming n’était certainement pas la place où il fallait être pour faire un carrière de musicien. J’ai obtenu un job dans le plus grand magasin de musique d’Hollywood, pensant que j’aurai ainsi la possibilité de rencontrer d’importants musiciens et artistes, et c’est ce qui s’est passé ! L’un d’eux était Ronnie Foster, qui était à l’époque le claviériste de George Benson. Je faisais des cassettes expérimentales dans le magasin avec des claviers quand il n’y avait pas de clients. Ronnie a donné une des cassettes à son ami Stevie Wonder, qui m’a appelé pour recréer ce son pour lui au studio. Stevie travaillait alors sur l’album Secret Life Of Plants. Ont commencé alors une amitié et une relation qui a duré des années.

J’ai appris bien plus sur la musique, sur l’écriture de chansons et sur la production avec Stevie que lorsque j’étudiais au collège !!

J’ai travaillé avec Stevie 2 ans et demi programmant des synthétiseurs dans les studios. A cette époque, j’adorais les synthétiseurs, et je n’étais pas mauvais pour obtenir des sons d’eux ! J’ai commencé à recevoir des appels d’autres artistes, mais je commençais à être frustré, parce que je voulais jouer, pas seulement être un « technicien ». Parfois, certains réalisaient que je savais jouer, et qu’ils pouvaient économiser de l’argent et ne pas appeler un claviériste pour jouer les sons que je créais !! Je crois que Michael Jackson était le 1er à le faire, quand lui et ses frères étaient sur le disque Triumph.

J’ai donc enchaîné avec le Jackson’s tour de 1981 où je jouais les claviers, et ce fut une expérience incroyable surtout de jouer devant près de 20,000 personnes au Madison Square Garden de New-York. Je n’oublierai jamais ça.

Après la tournée, j’ai fait une cassette démo de quelques chansons que j’avais écrite, et un proche de Stevie m’a eu un contrat avec Solar Records en tant qu’artiste et producteur. A la même période, Michael m’a appelé pour jouer sur son nouvel album solo, Thriller. J’ai joué sur Billie Jean, Wanna Be Starting Something et Beat It.

J’ai commencé à écrire des chansons et à produire des disques pour d’autres artistes, et le plus connu fut le Dancing In The Sheets de Shalamar du film Footloose. Ironiquement, ce n’est pas l’une de mes chansons favorites mais c’est celle qui m’a le plus rapporté d’argent !! Dean Pitchford a écrit les paroles de celle-ci ainsi que toutes les autres de l’album Footloose qui fut un grand hit à l’époque. La chanson a été nominée pour 3 Grammies, et tu n’as pas idée de l’émotion que cela a procuré à un gamin du Wyoming d’assister à la cérémonie des Grammy avec tout le beau linge de l’industrie de la musique.

J’ai eu une bonne carrière à Los Angeles pendant ces années, je travaillais tout le temps et j’adorais cela.

Bill Wolfer

Jack El Calvo : Comment quelqu’un peut abandonner son mode de vie américain pour vivre un mode de vie cubain ?!? Quel étrange parcours !

Bill : Oui, c’est bizarre n’est-ce pas ? Dans les années 90, la pop music a changé radicalement aux US. Je n’aimais pas la nouvelle direction, j’ai fait de mauvais disques en essayant de rester sur la bonne vague, mais j’ai compris qu’il m’était impossible de faire un disque dans lequel je ne croyais pas. Si ce n’est pas sincère, cela ne peut pas marcher. Alors j’ai quitté le business du disque, et j’ai commencé à jouer du jazz dans de petits clubs avec un trio. Mais, quelque chose manquait. Je recherchais un nouveau style de musique dans lequel je pourrai m’exprimer pleinement. J’ai découvert la musique cubaine pour la 1ère fois et cela m’a amené à faire mon 1er voyage à Cuba en Avril 2000. Cela a complètement changé ma vie. Je suis tombé amoureux non seulement de la musique mais aussi du peuple Cubain et le côté relax du mode de vie. « La vida es más tranquila aquí”, me disaient les gens, et ils avaient raison !!!

Alors j’ai fait beaucoup de voyages et à chaque fois j’y passais plus de temps. Maintenant je me sens mieux à la Havane qu’aux US bien que je ne finirai pas mes jours ici. J’ai plus d’amis proches ici à la Havane que je ne peux en avoir dans tous les Etats-Unis !! Au départ, c’était juste dans le domaine de la musique mais Cuba a une façon de te passer sous la peau et de s’imprégner !! C’est une culture unique qu’ils ont, et le peuple Cubain est un des plus extraordinaires au Monde. Ils sont intelligents, travaillent dur, drôles, relax, créatifs, et je pourrai continuer longtemps comme ça. J’ai passé la plupart de 2005 ici, écrivant et arrangeant le nouvel album de Mamborama, faisant quelques courts séjours aux US pour renouveler mon visa touristique.

Jack El Calvo : Comment as tu choisi le piano ?

Bill : Ha ha! Je ne l’ai pas choisi! Je voulais jouer de la batterie, alors ma mère m’avait arrangé des cours dans le magasin d’instruments de musique. Moi je m’imaginais débarquer dans les cours et m’installer derrière une énorme batterie, et être capable de tout casser. A la place le professeur avait une petite garniture en caoutchouc et une paire de baguettes et il m’a appris les rudiments. J’ai vite été lassé et j’ai abandonné les cours. Mais il y avait un piano dans la maison, et grâce à Dieu il n’était pas dans la même pièce que la télévision !! Mes parents m’auraient obligés à regarder des émissions qui ne m’intéressaient pas, et j’errai dans le salon, bricolant sur le piano. Celà a commencé quand j’avais 4 ans. Plus tard, ma mère m’a montré quelques accords de base, mais pendant que je commençais à trouver mon chemin autour du piano, j’ai commencé à apprendre des chansons simples de rock à l’oreille. J’ai continué comme ça et j’ai eu ma première leçon officielle de piano quand j’avais 19 ans.

Jack El Calvo : Raconte-nous comment Mamborama est né ?

Bill : Celà remonte à quand pour la 1ère fois j’ai découvert la musique cubaine. Je ne sais pas pourquoi cela ne s’était pas fait avant, mais c’est ainsi. Un ami musicien un jour m’a appelé pour me demander si je ne voulais pas venir voir un groupe cubain en concert à San Diego. Pourquoi pas, alors nous y sommes allés. Ca m’a complètement renversé le cerveau! Je ne pouvais pas croire ce que j’étais en train d’écouter! Le rythme était si complexe, la musique si sophistiquée, mais les gens dansaient dessus comme des fous. Le groupe était Chucho Valdés et Irakere, et là a commencé ma grande obsession pour la musique Cubaine.

Sur le chemin retour cette nuit, je décidais que je voulais apprendre à jouer cette musique. Par la suite, après avoir étudié quelques bouquins qui n’étaient pas si bons, j’ai décidé de réunir un groupe pour tenter de jouer cette musique dans des clubs locaux. Le seul Cubain de la bande à cette époque était Alan Diaz à la batterie, mais il avait quitté l’Ile quand il avait à peine 18 ans, et bien qu’il maîtrisait parfaitement la musique brésilienne avec 10 ans chez Sergio Mendes(!!), il n’avait jamais joué de la musique cubaine avant. Nous avons tous appris ensemble, et je suis arrivé à écrire des chansons pour le groupe. Après avoir écrit assez de chansons pour en faire un album, on est parti en studio et nous avons enregistré Night Of The Living Mambo. J’avais deux percussionnistes Cubains Nengue Hernandez et Jimmy Branly en plus pour donner un feeling plus cubain.

Mon idée à cette époque était juste de vendre ce CD lors de nos concerts. J’ai créé le site web Mamborama.com, et mis la musique en ligne pour que les gens puissent l’écouter. Un jour, j’ai eu un e-mail d’un DJ italien demandant un disque promo. Je lui en ai envoyé un, et ne pensais pas plus à ça. Huit ou neuf mois après, j’ai eu l’appel d’un marchand de disques de Turin demandant s’il pouvait acheter 200 exemplaires. Bien sûr que vous pouvez, ai-je dit, mais comment avez-vous entendu parler de Mamborama? L’italien a répondu : “Mais vous ne savez pas ? Toute l’Italie danse sur Mamborama!”. Ce fut le vrai départ de tout et cela m’a encouragé à aller plus loin. Sans les DJ’s, je ne sais pas si Mamborama existerait aujourd’hui!

Jack El Calvo : Comment as-tu réussi à réunir toutes ces stars ?

Bill : Bien, les musiciens Cubains ont tendance à être plus accessibles que leurs confrères de tous les autres pays du monde. Ils ont tendance à être plus ouverts et humbles. Lors de mon premier voyage à la Havane, j’ai eu la chance de rencontrer Manolito Simonet, Lázarito Valdés de Bamboleo et d’autres, et c’est depuis qu’une amitié est née et qui perdure encore aujourd’hui… Par la suite, à travers de nombreux voyages, j’ai dû connaître à peu près tous les grands musiciens de la Havane et ils me connaissent ainsi que mon travail. Puisque je n’ai pas une bande permanente à La Havane, je suis libre de sélectionner et de choisir parmi les meilleurs musiciens, d’enregistrer et de tourner avec. Sur le nouvel album, j’ai eu la possibilité de faire un casting comme les Directeurs de films !! Je me demandais quelle serait la personne la plus adaptée pour chanter telle ou telle chanson. Puis il me suffit de l’appeler et boom! Elle arrive !

Jack El Calvo : Celà sonne si bien…Tes deux disques sont juste…fantastiques !! Comment ont-ils réagi de voir un “Yuma” (ndlr : américain) venir et faire de la musique avec eux ? Des anecdotes croustillantes à nous raconter ?

Bill : Pour les cubains, je pense qu’ils le prennent comme un compliment qu’un “yuma” aime tant leur musique qu’il ait envie de s’exprimer lui-même et d’enregistrer. J’ai le plus grand respect pour la musique cubaine, et je pense qu’ils le réalisent, et cela a beaucoup aidé. Celà mais aussi rester humble car je me sens toujours comme un étudiant de la musique cubaine, j’ai encore beaucoup à apprendre.

Anecdotes? En voici une : quand nous enregistrions Entre La Habana Y El Yuma, nous étions tous prêts à faire une prise quand l’électricité a été coupée. Nous sommes tous sortis à l’extérieur pour attendre que les lumières reviennent, et cela a duré pendant 2 ou 3 agréables heures. On parlait, on regardait les filles qui passaient. La chanson que nous voulions enregistrer était un morceau instrumental, et je l’ai nommé Esperando La Luz (= en attendant la lumière !)

En voici une autre : au moment d’enregistrer les voix d’El Indio, je lui ai demandé avec laquelle il souhaitait commencer. “La Gata Loca, parce que je ne connais absolument rien de cette chanson.” J’avais oublié de lui donner la demo! Il a tout de suite appris la chanson dans le studio en 5 minutes de temps, et je suis encore stupéfié de voir combien il a été créatif, sur les choeurs, les bruits de chat et tout le reste. Il a vraiment donné vie à cette chanson…!!

Jack El Calvo : Est-ce que certains des musiciens ont décliné ton offre, ou as-tu réussi à avoir les musiciens que tu voulais ?

Bill : Non, personne n’a refusé, les seuls problèmes étaient ceux de planning. Toutes ces stars jouent avec les meilleurs groupes, et parfois quand je voulais les utiliser, ils tournaient en Europe, ou à une répétition, ce genre de situation. Bien sûr, ils travaillent en priorité avec leur propre groupe. C’est parfois très compliqué de tout mettre en place dans ces conditions.

Jack El Calvo : Parle-nous de ton 3ème CD ? Qui sont les musiciens ?

Bill : Le nouveau CD se nomme Directamente Al Mambo, et j’ai une tonne d’invités spéciaux sur cet album. Les chanteurs sont Tony Calá d’NG La Banda sur deux chansons, Robertón des Van Van, El Nene d’Azucar Negra, Carlos Kalunga ex-Klimax et Manolito Y Su Trabuco et Pepito Goméz de Pupy Y Los Son Son sur deux chansons. J’ai aussi les deux rappers de Cubanito 20.02 sur 2 chansons, bien qu’il n’y ait pas de reggaeton sur le cd, ils rapent sur le rythme de Mamborama, et c’est un super son, très frais. El Tosco d’NG joue son incroyable flûte sur une chanson, et mon trompettiste cubain favori Alexander Abreu est revenu d’Europe à temps pour enregistrer un solo.

Pendant qu’Alexander était en Europe, j’avais Robin Martinéz de Los Jovenes Clasico De Son pour jouer les deux parties des trompettes, et il a fait un superbe boulot. Amaury Peréz, le meilleur tromboniste de Cuba, a fait les deux parties de trombone. J’avais 3 différents bassistes; El Negrón de Pupy y los que Son Son , Roberto Vasquez le nouveau bassiste de Manolito, et l’incroyable Feliciano Arango, qui a joué pendant 15 ans avec NG la Banda et qui joue ici sur 4 titres. Il est génial. Roicel Riverón de Trabuco joue la batterie et les timbales, Evelio Ramos, aussi du Trabuco joue les congas, et Jorge Luis Guerra du Trabuco joue du guiro. Nicolas Gastón “Pescado,” joue deux morceaux au violon sur le danzón qui cloture l’album. Les choeurs sont de Sixto Llorente “El Indio”, David Bencomo (qui joue aussi de la flûte sur 3 titres) et Pepito Goméz. El Indio a aussi écrit les paroles de 4 des chansons.

Bill Wolfer et Sixto Llorente “El Indio”

Jack El Calvo : Joli programme !! Un rêve de musicien ?

Bill : J’ai l’impression de vivre un rêve ! Sérieusement, c’est surréaliste parfois. Mais mon rêve ou ambition, est de continuer de faire ce que je fais, et de faire de Mamborama un des meilleurs groupes cubains, même si c’est un Yuma le Directeur!

Jack El Calvo : Qui est ton pianiste cubain favori ?

Bill : Wow, il y en tellement! Puis-je juste citer quelques favoris ? Pour le jazz, Gonzalo Rubalcaba et Chucho Valdés sont juste impressionnants. Surtout Chucho pour sa technique. J’essaie de lui voler des choses, mais je ne serai jamais capable de jouer comme ça! Pour la timba, j’adore Pupy, il a un style si unique. Et Manolito Simonet a tant de conduite, de rythme et de saveur, que je peux pas me passer de lui !

Jack el Calvo : Peux-tu dire quelque chose à propos de l’embargo US , ou est-ce trop…risqué ?!

Bill : Pas risqué du tout. Je déplore l’embargo. Celà sert uniquement à faire mal au peuple cubain et a été inefficace pour changer le gouvernement cubain depuis 40 ans, pourtant il est toujours en place bien que les Nations Unies aient à plusieurs reprises condamné les USA. Pourquoi ? Parce que c’est devenu un business. Les Cubain-Américains riches à Miami donnent des tonnes d’argent aux politiciens pour leurs campagnes, et alors ils sont récompensés par les politiciens avec des sorts et un bon nombre de dollars d’impôts pour que des projets idiots essayent de miner le gouvernement cubain. Par exemple, Radio Martí reçoit des millions de dollars chaque année pour produire une propagande anti-Castro qui est diffusée sur l’île, mais les cubains ont bloqué la fréquence depuis des années. Personne ne l’écoute, tout le monde sait que personne ne l’écoute, mais l’argent continues de couler à flot. C’est absurde et injuste, et je suis reconnaissant que les cubains soient assez futés pour savoir que ce sont les actions du gouvernement des USA, et je n’ai jamais eu un problème avec un Cubain parce que je suis américain. Ils aiment bien les américains, et chacun a quasiment un proche ou deux qui vivent aux USA. Il serait temps de finir l’embargo car Cuba ne constitue aucune menace pour les USA, et les USA n’ont aucun droit de se mêler de leurs affaires, mais comme nous savons, les USA ont une longue, triste histoire de l’intervention où ils n’ont rien à faire. C’est une honte.

Jack el Calvo : Quel est ton meilleur souvenir musical ?

Bill : Un album dédicacé de Jimi Hendrix. J’ai été chanceux de pouvoir le rencontrer lorsque j’avais à peine 15 ans, et cet album est encadré et trône à côté de mon piano à la maison.

Jack el Calvo : Comment décrirais tu ce qu’est la Timba ? Je n’ai jamais lu quoique ce soit qui soit pareil!!

Bill : C’est parce que c’est si difficile à définir. Je pense que la Timba est un moyen de différencier la musique moderne et contemporaine de Cuba avec le Son plus traditionnel, ou de la salsa de Puerto Rico et de New York. Plus spécifiquement, c’est une fusion de Son, Rumba, de musique religieuse et folklorique Yoruba, du R&B Americain (Earth,Wind & Fire ou Kool and the Gang), et une touche de jazz. La clave vient de la Rumba, plus que du Son, les rythmes peuvent devenir très complexes, l’harmonie est souvent peu traditionnelle, et le niveau d’énergie explose le plafond parfois !! Des stéroïdes de salsa, c’est comme ça que j’aime la décrire !! C’est une musique qui est en perpétuelle évolution, et c’est exactement pour celà que c’est difficile de la définir. Désormais beaucoup de groupes de Timba incorporent du reggaeton dans leur mix. Ca change toujours et c’est comme ça que ça devrait être. La minute où tu dis qu’une musique est seulement comme ça et pas comme ça, tu pourrai aussi bien la mettre dans un musée car tu sais qu’elle n’évoluera plus !!

Jack el Calvo : Que penses-tu du succès du Buena Vista Social Club ? Es-tu le Ry Cooder de la Timba !!??

Bill : Ha ha ha! Le Ry Cooder de la Timba? Je ne sais pas. J’aimerai certainement avoir son niveau de succès, ça c’est sûr. Buena Vista Social Club a été à la fois une bonne et une mauvaise chose pour la musique Cubaine. C’était une bonne chose, parce que cela a fait découvrir la musique cubaine au Monde entier qui ne l’avait pas encore entendue jusque là. Soudain, les touristes commençaient à venir à Cuba juste pour la musique, à cause de cet album et du film. Cela a fait réaliser au gouvernement Cubain quelle valeur il y avait dans sa musique, et je crois qu’ils ont commencé à le prendre plus au sérieux.

La mauvaise part c’est que peu de personnes a réalisé que Buena Vista Social Club est la musique Cubaine des années 50 et comporte très peu de ressemblances avec la musique Cubaine d’aujourd’hui. Alors quelqu’un qui va voir Bamboleo à la Casa De La Musica aura des idées préconçues de ce qu’il va entendre, et sera quelque peu désorienté avec la folie sauvage que dégage Bamboleo en live !!! J’ai été une fois au concert de la Charanga Forever à la Havane, et parlais avec touristes canadiens qui étaient des fans du Buena Vista. Après deux ou trois chansons, même si le groupe jouait bien, ils se sont levés pour partir. “Nous retournons à l’Hôtel Nacional pour écouter un groupe du Buena Vista Social Club, nous voulons écouter de l’authentique musique cubaine!” “Mais c’est de l’authentique musique cubaine !!!!!!” J’ai protesté mais ils sont partis ! Les musiciens cubains sont vraiment frustrés avec ce type de réactions.

Jack el Calvo : Quel style de musique écoutes-tu ?

Bill : Tout, jazz, R&B, old-school funk, classique… Bien que durant les 5 premières années de ma grande obsession pour Cuba, j’écoutais exclusivement de la musique cubaine. Il y a tellement à absorber: Timba, Son, Rumba, Folklorique, Danzón, c’est très divers en soi. Maintenant je me remets à écouter tout style de musique.

Jack el Calvo : Un autre projet dans ta tête ?

Bill : J’ai enregistré un album solo qui devrait se nommer Dos Vidas. C’est totalement instrumental, jouer de la musique de Stevie Wonder et des choses que j’ai écrite il y a longtemps, mais avec les rythmes cubains et en petite formation. Ca va prendre du temps avant que je le finisse, à moins que je trouve un support extérieur, parce qu’il me faut mettre la priorité sur Mamborama. J’aimerai produire d’autres groupes cubains, j’étudie la possibilité. Et, j’ai déjà des idées de chansons pour le prochain Cd de Mamborama CD.

Jack El Calvo : Des connections avec la France ? Que représente ce pays pour toi ?

Bill : France a eu sa contibution pour la musique Cubaine, et la musique cubaine a inspiré des compositeurs français. Le Danzón a commencé avec des rythmes français et des formes, ammenés sur l’île par des Haïtiens profitant du soulèvement contre l’esclavage. Le Boléro de Maurice Ravel était inspiré par de la musique qu’il a entendu lors d’un voyage à Cuba.

Pour ma part, j’adore la France. Je reste toujours à Montmartre quand je suis à Paris, dans un endroit à l’écart des autres touristes et on s’y sent comme dans une petit village, tous les voisins se connaissent, et c’est facile de rencontrer des gens et de se faire des amis. J’ai été au MIDEM de Cannes deux fois, et celà a toujours été un bon moment, et bon pour le business. Et bien que les relations entre les USA et la France aient souffert sous l’administration Bush, les français ont toujours été adorables avec moi, aucun problème. J’ai de bons amis en France. Je veux amener Mamborama en France, allez, on y va ?!? (rires)

Jack el Calvo : Merci Bill !! As tu quelque chose à rajouter ou que tu aimerai dire ?

Bill : Ceci : Merci Jack, et à tous les DJ’s en Europe qui ont encouragé ces dernières années. Sans vous, comme je l’ai dit, Mamborama aurait probablement cessé d’exister depuis longtemps. Et merci spécialement à toi Jack pour ton intérêt dans Mamborama et ces questions pertinentes, j’apprécie vraiment.

BILL WOLFER, MARS 2006

« Directamente al mambo »

1) Mi Bailarina (B. Wolfer/Sixto Llorente)
Featuring Carlos M. Kalunga (Klimax, Manolito) and El Doctor from Cubanito 20.02

2) Puro Y Temba (B. Wolfer/Sixto Llorente)
Featuring Robertón Van Van

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3) Las Cubanas, Que Lindas Son (B. Wolfer/Sixto Llorente)
Featuring Alexei Sanchez Mesa, El Nene (Azucar Negra, Revé)

4) La Mentirosa (B. Wolfer)
Featuring Flipper from Cubanito 20.02

5) Taca Toco (B. Wolfer)
Featuring Tony Calá (NG La Banda)

6) Señorita Pajarita (B. Wolfer)
Featuring José Luís Cortés, El Tosco

7) No Mereces La Pena (B. Wolfer)
Featuring José Goméz, Pepito (Pupy)

8) Directamente Al Mambo (B. Wolfer)

9) Baila Conmigo (B. Wolfer)

10) Yo Con Mi Jolongo (B. Wolfer/Sixto Llorente)
Featuring Tony Calá (NG)

11) Ave Maria, Por Dios (Danzón)(B. Wolfer/David Bencomo)
Featuring José Goméz, Pepito (Pupy)