Sélectionner une page

08 salsatimbaanacaona

Anacaona fête ses 75 Ans avec un CD, frais, moderne et excellent !

Sous les bons auspices de Manolito Simonet, Juan Formell et Adalberto Alvarez, Anacaono enregistre chez Bis Music un nouvel album fêtant les 75 ans de l’orchestre et le projetant dans le XXI siècle avec une sonorité renouvelée, une force et une maîtrise qui rend hommage à l’héritage cette institution 100% féminine de la musique cubaine.

En effet, vous ne pourrez éviter le nouveau CD !

Etonnante renaissance pour un groupe fonde en 1932 par 8 sœurs Castro :
Argimira aux timbales, Ada au Tres, violon et trompette, Concepción au saxophone, Caridad a la contrebasse, Olga au saxophone, a la flute, la clarinette et les maracas, Alicia aussi au saxophone, a la clarinette et a la contrebasse et Ondina ainsi que Xiomara aux trompettes. La legende veut que le groupe fût formé lors d’une grève étudiante contre la tyrannie de Machado. Les filles Castro étaient toutes étudiantes en école de musique, et comme les cours furent suspendus, elles décidèrent de jouer toutes ensembles. Se joignent aussitôt à la formation Hortensia Palacio au piano et Graciela Perez, la sœur d’un des 3 Mambo Kings, Machito, et celle la même qui deviendra la célèbre chanteuse de Mario Bauza pour 32 ans.

L’orchestre commence comme un Septeto, à l’image du Septeto Nacional que connait bien le père Castro.
Le nom de l’orchestre est issue le la légende de l’indienne Taino, Anacaona, qui inspirera aussi une grande Salsa.

Cette orchestre illustre ce transforme rapidement en Jazz Band et fait des tournées mondialesa, notamment en Colombie, au Venezuela, à Puerto Rico, au Méxique, à Panamá, aux Etats-Unis et en France.

Au début des années 50, la grande Omara Portuondo fera partie de l’orchestre et partira en tournée en Haiti.

Après la Révolution Cubaine, et suite à la fermeture des cabarets, l’orchestre périclite et n’est plus perçu comme un orchestre de danse. Les sœurs Castro enseignent la musique et produisent des récitals mais Anacaona n’est plus un orchestre de premier plan.

A la fin des années 80, les sœurs Castro vont a la retraite et une nouvelle génération entre dans le groupe, dirigée désormais par 2 sœurs, Dora et Georgia AGUIRRE, respectivement au saxophone et au piano.
Georgia passe à la basse et prend la direction tandis que le groupe intègre de nouvelles recrues qui vont totalement renouveler le style et le répertoire.

Cette nouvelle formation enregistre « Anacaona,¡ Ay ! » en 1991 puis « Como un milagro » en 1995, enfin « Lo que tu no esperabas », en 2000.

Elles nous reviennent en force avec ce nouveau CD de 12 chansons ….

« De Cuba Soy », un Son qui commence comme un Guaguanco , comme pour rappeler que la Rumba est l’une des essences primordiales de Cuba….

C’est Dora Aguirre Gonzalez , la saxophoniste (et sœur jumelle ? de la bassiste et directrice) qui chante cette chanson dont l’orchestration est impeccable, brillante et élégante !
Un morceau enlevé, très dansant ! Le Fiesta commence bien …. Joyeux anniversaire !
Ce Son se fait peu à peu Timba et il est quasi impossible de ne pas se mettre à danser tant l’énergie déployée est communicative, gaie et musicalement excellente.

« Por Eso Vamonos » est une Salsa , interprétée avec Classe et Force !
Les Trombones répondent aux Trompettes, le tout sur un Tumbao certes pas révolutionnaire mais si efficace et si cubain.
Plus cet orchestre vieillit, plus il est jeune….
Les petits jeunes n’ont qu’à bien se tenir…
Ici on n’a pas affaire à un groupe  » excusez  » de filles mais à une véritable machine musicale qui se trouve être 100% féminine …
Bon nombre d’orchestres de machos ne soutiendraient pas la comparaison.

« Lo Bueno Pa’ Arriba » est une fusion carribéenne…. entre Pop Latino, Balada, Merengue… qui invite a la Fiesta …. Les voix d’Anacaona ne sont pas faibles… elles rappellent un peu nos Divas de la Timba comme Haila ou Tanja … Des voix métalliques, mures et affirmées…

La section rythmique emporte cette Maquina ! ce n’est pas un ‘Fotingo’ ni un ‘Pu-Pu’ (Teuf Teuf)… Mais une Chevrolet 54, refaite en 96, bien moderne puissante ! Ca décoiffe.

« No Lo Puedo Evitar » est d’après le CD une Bachata, mais bien cubaine… ou la Basse et le Piano et la Batterie prédominent plus que la guitare et que le Bongo … Cela ma rappelle plus une Balade enlevée qu’une Bachata sirupeuse…
L’inspiration est romantique, un peu mélancolique, émouvante et jazzy …, surtout avec le vibrato de la voix de Barbara Zamora Vargas.

« Callate », une Salsa qui rappelle par son intro La India et Marc Anthony ….
Une orchestration à vrai dire un peu téléphonée si on connait ces 2 Stars mais impeccablement interprétée, avec éloquence, brio et puissance…
La voix de Yanet Rodriguez Boza s’impose avec force au dessus de l’orchestre et effectivement « Callate ! » devant un tel talent et une telle autorité.
A noter le Tres de Yamira Blanco !

Cette Salsa apparemment Romantica au début se fait plus cubaine, plus dure au fur et à mesure que le morceau avance et que la puissance percussive et rythmique de fassent sentir…

« Entre El Amor y el Odio » commence comme un Son à la Manolito Simonet !
La voix de la divine Omara Portuondo apparaît et les anges apparaissent. Un Son traditionnel, avec un Bongo virtuose… un piano et un Tres qui se répondent avec élégance de manière moderne, un brin jazzy et un son excellent…

Yamira surprend le tout avec une manière d’improviser au Tres, un son original… Le tout est ensuite emporté par des arrangements, une orchestration affirmée, condensée mais toute en contrôle….

« Me Voy Por Ahi » un autre Son chanté par Dora… dont le Piano de Yanet Salinas imprime un Tumbao qui donne une envie irrépressible de danser.

Certes ce Son en rappelle bien d’autres, à commencer par le Montuno de Chan-Chan , mais son interprétation magistrale n’a rien a envier a celles d’Adalberto Alvarez qui ,de fait, salue avec un vibrant hommage la sortie de ce CD d’Anacaona.
Dora lance ‘Se Acabo El Querer’ et entre aussitôt la Bomba d’une véritable Timba

« Tengo Ganas » est un Ballade, romantique interprétée par Barbara et sa voix de velours, légèrement voilée, accompagnée par des chœurs qui relèvent le tout en réponse à touches colorées d’un orchestre à l’écoute, subtil et présent, fort et délicat….

« Ya No Me Llores » un Merengue à l’intro ultra-moderne et pour une fois avec des cuivres dignes de la folie de la République Dominicaine. Oui un vrai Merengue Dominicain et non celui qu’on entend souvent à Cuba , un Merengue trop Massif, voire lourd…
Ici la joie et la légèreté impriment une chanson digne de Sergio Vargas, Juan Luis Guerra ou Olga Tanon… FIESTAAAAAAA !
C’est chaloupé, endiablé, chaud, chaud ! Heeepa !!!

Avec « Olvidarte Jamas » la Salsa reprend ses droits… une Salsa américaine…
Romantica, mais dégoulinante… JAMAS !

C’est encore Yanet qui interprète ce registre …. avec il faut bien l’avouer avec excellence…

Quand le Montuno entre, l’interprétation rappelle encore Marc Anthony, Victor Manuelle … les percussions sont elles bien Macho… Et on a du mal à croire qu’une femme au visage si fin, si beau, et si délicat comme Yissi Garcia Calzadilla envoie aussi fort à la batterie.
La Fiesta continue avec une Cumbia interprétée à la Cubaine : « La Cintura ».

Une composition et un arrangement de Manolito Simonet pour Barbara au chant et ce All-Stars de filles.

Barbara rappelle ici parfois les intonations surprenantes de Vania Borges…
Je vous le dit des Stars, des Divas !!!!
Cette Cumbia moderne, vire au Rap-Reggeaton un moment et fusionne du côté de la Timba…

« Bailando Con Otro », le dernier Son fait une entrée fracassante…
Pas un moment de faiblesse chez ces femmes sur vitaminées…
Encore un morceau qui devrait régaler les danseurs…
Ici la limite entre Son et Salsa est à peine perceptible tant le tout est enveloppé, l’entrain communicatif, la Timba affleure a chaque instant …

« Se Acabo se Acabo » répète le refrain… et c’est bien dommage parce que ce sont elles qui « Estan Acabando Conmigo » !!!! Elles ont fini de m’achever.
Un final en apothéose ! Gozando !

Un CD à se procurer de tout urgence !!!
Je dois dire que je suis moi-même le premier surpris de faire tant d’éloge d’Anacaona car certains des CDs antérieurs m’avaient laissé de marbre.

PS : Un bisou spécial à l’ancienne pianiste d’Anacaona, qui a su séduire par son Talent le maestro Manolito Simonet, je parle de la désormais Nicoise, Janisset McPherson, compositrice de No Lo Puedo Evitar et qui enregistre désormais avec notre très bon Conjunto Massalia.