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A la veille quasiment de leur débarquement en France, les Suédois sont de retour avec, en toile de fond, un second album qui promet… Car le groupe scandinave a une marque de fabrique qui ne laisse personne indifférent. Si Timbalero se souvient qu’à la première écoute (et grâce à lui) de la maquette de « Con Fuerza », j’étais dérouté, je ne le suis pas resté longtemps… La Calle Real casse les codes de la Timba pour nous procurer une musique exceptionnelle… Bordeaux et Paris n’ont qu’à bien se tenir, mais on sait aussi que la France sait accueillir les talents… Patricio, le directeur de la Calle Real se confie aux lecteurs de WWW.FIESTACUBANA.NET avec exubérance et sensibilité…

Calle Real Calle Real

1/ JACK EL CALVO: cher Patricio, merci de donner un peu de ton précieux temps à www.fiestacubana.net . A la fin de cette semaine, tu donnes deux concerts en France. Enfin la Calle Real est de retour ! Raconte-moi quels sont tes souvenirs de tes concerts en France en 2007 ? Tes impressions ?

PATRICIO: salut Jack et merci pour cette interview. Oui, c’est vrai nous sommes finalement de retour avec une série de nouvelles chansons également.

A ce moment précis, je regarde un des prix décernés par www.fiestacubana.net que je tiens d’ailleurs dans mes mains. Et oui nous avons été récompensés par deux fois : un pour le « meilleur album salsa de l’année 2006 » et l’autre pour « la meilleure découverte de l’année 2006 ». J’en garde un à la maison et l’autre dans notre studio de répetitions.
Je ne peux m’empêcher de décocher un grand sourire quand j’y repense…

Le public, l’écoute, les fans, les mains, tous ces visages heureux, toute cette hystérie quand nous avons reçu ces prix, quand le public chantait nos chansons par coeur, breaks inclus ! C’était une belle et chaleureuse expérience à laquelle aucun d’entre nous n’était préparé !

En fait, je pense que le travail fourni par www.fiestacubana.net ou www.timba.com pour promouvoir la Timba est absolument essentiel si nous voulons écouter plus de timba dans le futur.

Le monde manque de « forums » où les artistes Timba sont reconnus pour leur travail et crois moi, en tant que musicien et auteur, recevoir cette tangible reconnaissance nous aide beaucoup.

2/ JACK EL CALVO: votre premier disque « Con fuerza » (2005 ou 2006) a été un véritable cyclone dans le panorama de la salsa.

Vous nous avez sorti d’une certaine routine en cassant certains codes. Vous nous avez offert une véritable bouffée d’air frais. Je peux te dire que le public a été immédiatement sensible à votre musique. Selon toi, quelle est la recette de la réussite de CALLE REAL?

PATRICIO: Jack, je m’incline et te remercie devant ces mots qui me touchent.
Tu ne sais pas à quel point je suis curieux de savoir quels sont les codes que nous avons cassés ! Alors dis-moi stp ! Il est évidemment important pour moi de comprendre comment nous sommes perçus. Très souvent, nous ne sommes pas forcément les meilleurs pour décrire notre propre travail et trouver les bons mots est plutôt difficile. C’est pour cela que la perception extérieure des gens peut nous aider. C’est une réelle benediction que le public ait été si sensible à notre musique et que notre musique puisse s’exposer à leurs oreilles, leurs coeurs et leurs âmes. Nous nous étonnons toujours d’avoir des fans. C’est comme avoir un bon ami dont tu réalises soudain l’importance. Tu te sens alors un peu dépassé par cette émotion pendant un court instant. Puis la vie reprend son cours et la « normalité » reprend le dessus. C’est ce que nous ressentons à propos de notre public.

Peut-être est-ce cela que le public ressent et entend; du moins je l’espère !
La recette du succès de Calle Real doit être l’ardeur au travail, beaucoup de compromis et la passion.

Calle Real

3/ JACK EL CALVO: mis à part la Suède, quels sont les pays dans lesquels tu penses être le plus populaire ?

PATRICIO: je ne suis pas totalement sûr, mais je pense que la France est en haut de la liste (NDLR : Oh que oui !). Il y a d’autres endroits également au top de la liste comme San Francisco et ses environs, mais la France est vraiment spéciale, peut être à cause de son romantisme…!

4/ JACK EL CALVO: même si tu as raconté ton histoire un million de fois : comment est née l’idée de la CALLE REAL ? Comment la CALLE REAL a finalement décidé de sonner ainsi ?

PATRICIO: j’ai 2 versions pour répondre à ta question : une courte mais aussi une plus longue !

La version courte : l’idée de la Calle Real est née lorsque j’ai décidé de jouer plus sérieusement de la musique et non plus comme un simple hobby. J’ai découvert plus tard que des amis partageaient le même désir. Nous avons donc fait un essai et cela a très bien fonctionné dès le premier coup. En prenant soin de ce « momentum », nous nous sommes progressivement développés musicalement et quantitativement pour tenter de recréer le « nouveau » son de l’île de Cuba, à l’époque majoritairement du Son.

Mais étant Suédois, nous ne pouvions ni être Cubains, ni jouer comme des Cubains. Nous avons donc créé notre propre style tout en respectant certains codes cubains. Notre sonorité d’aujourd’hui est le fruit de plusieurs années de travail et reste en constante évolution. Au départ, notre musique s’assimilait plutôt à du Son classique, puis elle a progressivement évolué vers une Timba plus actuelle.

La version longue serait :

L’embryon du groupe que vous connaissez aujourd’hui n’était qu’un simple trio jouant du Son classique, la musique traditionnelle cubaine des anciens. Cette musique a une origine passionnante qui fait vibrer notre nature suédoise mélancolique. Bien sûr, Buena Vista Social Club était une de nos principales influences. Mais avant que nous réalisions cela, beaucoup d’entre nous ont été à Cuba apprendre cette musique. Chacun de nous a des histoires différentes à raconter sur Cuba, comme chacun a sa propre relation avec ce pays.

En ce qui me concerne, j’ai démarré l’embryon fin 1999 avec mon plus jeune frère et le précédent chanteur lors de l’animation d’une soirée privée pour une association de salsa qui célébrait son anniversaire à Stockholm. Nous nous appelions « Los Magnificos « , et nous pouvions seulement jouer trois chansons à l’époque ! Nous portions aussi des chapeaux de paille sur scène… Je suppose que notre modèle devait être Compay Segundo ! Cette seule et première apparition nous a conduit à une beaucoup plus importante deux mois plus tard: nous étions censes assurer la première partie des célèbres… « Los Papines » dans une grande salle de concert de Stockholm ! Pour je ne sais quelle raison Los Papines n’ont pu venir et nous nous sommes retrouvés le seul orchestre live de la soirée. Heureusement ce fut essentiellement un succès pour nous, beaucoup de personnes adorèrent notre performance. C’était tellement sincère et brut.

J’ai soudain réalisé que ce projet avait un avenir prometteur. Et j’ai ainsi commencé à dédier mon temps à vouloir le faire vivre.

Comme j’ai dû plus tard me rendre à l’évidence qu’il n’était pas facile de partager une vision ou un désir. J’avais le sentiment que nous pouvions faire la différence, et créer notre propre style ensemble. Pas seul, mais ensemble. Or, plus tard, j’ai dû malheureusement accepter le fait que mon frère devait déménager dans une autre ville pour son école de théâtre. Le groupe a alors perdu son bassiste. Rickard Valdés (aujourd’hui conguero et timbales) et Thomas Eby (aujourd’hui chanteur puis conguero) ont ensuite intégré le groupe. Puis nous avons commencé à engager des potes musiciens de notre circuit de connaissance au fur et à mesure que cela se faisait ressentir.

Au depart; il nous fallait faire fonctionner la section rythmique. Puis il nous a fallu trouver un nouveau guitariste. C’est à ce moment là que Gunnar Thullberg (piano et guitare) est entré dans le groupe. Nous avons ensuite pensé à des cuivres et Petter Linde (trompette) a intégré l’équipe pour faire à lui tout seul une section de cuivres ! Il a été seul pendant presque deux ans avant que Karl  » Kalle  » Frid (maintenant au chant et au guiro, puis au trombone) ne le rejoigne. Rickard et le premier bassiste sont partis à Cuba pour 6 mois.
A ce moment là, Harry Wallin (batterie et timbales) est arrivé. Après leur retour, le bassiste a quitté le groupe et nous avions une « machine » totalement fonctionnelle et prometteuse mais sans bassiste. Nous avons ainsi trouvé Andreas Unge (actuel bassiste).

Lorsque nous sommes entrés en studio pour l’enregistrement de notre premier album, Jacek Onuszkiewicz (trompette) et Cezary Tomaszewski (trombone) ont complété la section de cuivres pour aider Petter alors que Kalle voulait être sur le devant de la scène. Michel Zitron (vocals) et Magnus Wiklund (trombone) furent les derniers à intégrer le groupe pour finaliser le format d’aujourd’hui qui est donc à peu près 4 cuivres, 4 de section rythmique et 4 devant.

Un certain nombre de musiciens sont passés chez nous bien sûr et la direction du navire a donc changé quelques fois également. Mais le potentiel a toujours été clair pour moi.
En étudiant ce que nous avons accompli, je pourrai dire que les objectifs durant ces années ont été dépassés par le potentiel que j’ai toujours ressenti en nous et par les circonstances nous environnant à chaque instant.

Commencer à jouer du Son fut la meilleure des choses que nous ayions pu accomplir en tant que groupe. Cela prend des années pour un musicien avant de comprendre complètement les conséquences de la clave sur les harmonies et le rythme et d’assimiler le style, surtout si le musicien n’a pas grandi avec cette musique. Ce fut une bonne école pour commencer, pas impossible à accomplir et finalement très groovy. Dans le groupe, des personnes comme moi ont dû apprendre les bases de la musique avec le Son. D’autres ont dû réadapter leurs oreilles à cette nouvelle musique et apprendre ce style. Pour tout le monde; ce fut une période de construction.

Ressentant absolument le besoin de monter notre propre oeuvre – écrire de nouvelles chansons et passer un message au monde extérieur – nous avons commencé à composer rapidement. Une de nos premières chansons populaires fut « Gozando », un vieux cha-cha à la mélodie prenante. Puis le process d’écriture devint de plus en plus expérimental, accélérant le tempo, se focalisant de plus en plus sur le groove avec une orientation plus  » dance floor ». Je pense qu’il s’agissait alors comme d’un fossé qui se dressait devant nous, nous forçant à faire un changement radical dans nos nouvelles chansons, sans que nous n’en ayions nous même conscience.

Rickard m’a dit qu’une fois en présentant notre première demo contenant un répertoire Son à son frère ainé Chucho Valdés, il n’a pas dit grand chose. Puis après un moment il s’est exprimé avec surprise : pourquoi est-ce si rapide ? Et effectivement sans que nous le sachions, notre BPM (NDLR : « beat per minute » indiquant la vitesse) était bien plus haut comparativement à l’album du Buena Vista Social Club. C’est à ce moment là que nous avons commencé à parler d’ « Acid Son ».

Une des bonnes choses que nous ayions faite fut qu’à chacun de nos nouveaux concerts à Stockholm, nous présentions une nouvelle chanson. A cette époque, la scène Son et Timba montait en puissance à Stockholm. Beaucoup de groupes avaient des qualités plus ou moins bonnes mais la plupart n’avait pas la force de survivre longtemps. Trop de projets de reprendre  » El Cuarto de Tula » trop souvent des perspectives trop courtes, pas de vision, pas d’esprit d’équipe. Ils n’étaient pas destinés à avoir du succès.

Avec l’arrivée de Gunnar qui avait déjà joué de la timba au piano et d’Harry Wallin qui avait joué de la batterie avec des groupes d’Afrique de l’Ouest et de jazz, cela est soudain devenu plus facile de tester de nouvelles idées et d’expérimenter une sonorité que nous ne pouvions jouer en faisant du Son.

Bien que j’ai dit une fois à Rickard que Calle Real ne jouerait jamais de la Timba et qu’il faudrait me passer sur le corps ! Je réalise aujourd’hui que c’était pour moi une manière de dire que je ne comprenais pas comment se jouait la Timba… A l’époque c’était bien trop complexe pour moi. Bien sûr j’adorais danser sur la musique de Los Van Van, La Charanga Habanera et de Paulito , mais pour la jouer… Cela sonnait trop étrange et la plupart du temps il n’y avait aucun couplet ou quelque chose d’assez accrocheur dont je puisse me souvenir jusqu’à ce que cela sonne comme une interminable jam-session. Pas de réelles chansons…

En fait le problème était juste de trouver les bonnes chansons.
Je crois que c’est  » Con la conciencia tranquila  » de Paulito qui m’a ouvert l’esprit au vocabulaire de la timba. Je me suis alors ravisé sur le fait de ne pas jouer de la timba.

Un jour, on nous avait booké pour une soirée sur un bateau de croisière avec la demande spécifique d’avoir un tiers de notre repertoire composé de reprises de salsa.
C’est là que nous avons commencé à jouer des chansons de Grupo Niche, Fania All Stars, Africando, Isaac Delgado, Los Van Van et nous l’avons plutôt bien fait. Après cela, jouer ou non de la timba est une discussion que nous n’avons plus jamais eue !!!!

Jouer de la timba était quelque chose qui nous rendait plus confortable avec le format du groupe et la façon de jouer sur scène. Beaucoup d’énergie et d’attitude en même temps.
Bien que le Son soit groovy, son format de gloire repose plus sur un format de formation réduite et une attitude plus en retrait. L’attitude exubérante de la Timba nous collait mieux à la peau et comblait nos besoins nouvellement découverts.

Aujourd’hui, nous jouons majoritairement de la Timba ou du Songo à l’exeption de quelques chansons de Son.

Patricio Sobrado
<Patricio Sobrado, directeur de Calle Real

5/ JACK: j’ai entendu dire que tu as appris tout seul le Tres. Est-ce vrai ? Est ce l’instrument que tu as choisis dès le début ? Comment un musicien suédois d’origine chilienne tombe amoureux de la musique cubaine ?
PATRICIO: oui c’est vrai. Je suis autodidacte mais dans le respect de la musique et du jeu du Tres dans la musique cubaine. Avant je jouais de la guitare et je jouais notamment pas mal de chansons folkloriques chiliennes. Ma mère faisait partie d’une troupe de danse folklorique au Chili. Lorsque j’étais plus jeune, Silvio Rodriguez était un de mes artistes favoris et je jouais souvent ses chansons. Je sortais aussi dans des lieux salsa à Stockholm où je rencontrais également d’autres « latinos ». Je ne savais pas danser mais j’aimais la musique.

J’ai toujours eu cette touche de mélancolie dans mon humeur, alors comme une sorte de tuteur la première écoute du disque de Buena Vista Social Club m’a redonné l’esprit et la vibration de la musique de mon enfance. Alors je pense que mon coeur était déjà largement ouvert à cette musique en rapport aux anciens grooves et aux mélodies mélancoliques.

En m’y intéressant de plus près, j’ai découvert un secret jusque là incompréhensible pour moi : il n’est pas contradictoire d’interpréter des histoires tristes et des chansons mélancoliques de manière joviale et dansante !! C’était juste un autre emballage mais le message était bel et bien là : il contenait beaucoup de passion, d’histoires d’un amour meilleur et de destin.

Je crois que c’est à ce moment là que je me suis réellement fait accrocher.
J’ai été à Cuba 6 ou 7 fois et bien sûr quand j’ai commencé à jouer, j’ai pris des cours avec de grands professeurs cubains de Tres comme Cesar Lozada (tresero of Los Jovenes Clásicos del Son). C’est plus précisément lors de mon 3ème voyage à Cuba que j’ai commencé à jouer du Tres. Mais j’ai surtout appris par moi-même sur le tas en pratiquant, en cherchant ce qui était faisable…Et je découvre encore beaucoup de choses aujourd’hui, c’est comme un processus interminable.

La musique possède de multiples facettes qu’il nous faut sans cesse explorer dans l’objectif de devenir meilleur musicien. Du coup, j’essaie aujourd’hui de me tenir au courant et d’être à jour sur tout ce qui touche à la théorie musicale afin de comprendre plus de choses. Le piano est un instrument extraordinaire pour écrire des chansons et j’utilise pratiquement la même approche avec les autres instruments.

La Timba demande beaucoup de rigueur pour n’importe quel musicien. C’est une musique basée sur un groove métronomique et qui se joue avec une précision au millième de seconde. Cela demande un travail d’équipe qui suscite un échange de modèles rythmiques et mélodiques entre les différentes sections d’un orchestre à travers principalement des arrangements ouverts. Mais cela reste principalement un « voyage » en énergie.

Pour moi dans la musique tout est notion d’énergie. Si tu dois écrire une chanson, il s’agit de savoir comment et où tu la positionnes (l’énergie) comment tu l’exhortes, comment tu joues avec, comment elle te surpasse ou comment elle t’explose.

Tu peux toujours analyser un effort simple de cette perspective d’énergie et tu commenceras à voir d’intéressants modèles, pourquoi tel ou tel détail etc…

Pour ma part, le Tres a une simplicité par ses 3 paires de cordes. Mais en même temps c’est un instrument exigeant. Il est très rythmique comme la plupart des instruments utilisés en Timba. On peut utiliser le Tres dans des formations réduites de 2 ou 3 musiciens, comme dans des formations plus grandes. L’instrument joue alors un rôle différent, il est donc à mon avis un instrument versatile.

6/ JACK: seul un musicien est cubain dans le groupe (Rickard Valdes). Est-ce qu’iI vous donne des indications sur les codes de la musique cubaine ? Je suppose que vous avez tous beaucoup étudié à Cuba ?

PATRICIO: ha, ha, ha. Un cubain dans le groupe…Et bien non, je vais devoir te décevoir mais Rickard est seulement à moitié cubain… En effet, son père est le célèbre et légendaire Bebo Valdés, mais il n’en reste pas moins qu’il a du sang suédois et qu’il a grandi et était élevé en Suède. Il a lui aussi découvert la musique beaucoup plus tard et il n’est devenu musicien qu’à l’âge adulte.

Il est vrai aujourd’hui que Rickard est un véritable passionné et fanatique de Timba…Il a une collection impressionante de disques et de DVD à vous faire envier et il apporte comme personne d’autres dans le groupe de l’énergie et des idées. Cependant, il n’est pas si impliqué que cela dans l’écriture même de nos titres.

Tous les membres du groupe, exceptés Rickard et moi même; sont des musiciens qui ont été formés en écoles et qui ont étudié pendant de nombreuses années. Et seule la moitié du groupe a passé un temps de sa formation à Cuba, sorte d’année de specialisation…La plupart de nous tous avons appris sur le tas en écoutant, en pratiquant, en recherchant…C’est définitivement la meilleure école.

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7/ JACK: quelles sont vos influences musicales ? Cubaines et/ou autres ?

PATRICIO: bien sûr que nous sommes influencés par de nombreux artistes de la scène de la Timba, mais nous nous inspirons aussi d’artistes issus d’autres genres musicaux.

Pour ne citer que quelques uns des groupes de Timba que nous préférons : Los Van Van, Pupy, Dan Den, NG la Banda, Elito Revé, Manolito y su Trabuco, Manolin el Medico, Pedro Pablo, La Charanga Habanera, Paulito, Isaac Delgado, Irakere, Maikel Blanco y su Salsa Mayor, Michel Maza, Bamboleo, Azucar Negra, Haila et les tout derniers que j’oublie de mentionner…

Chaque membre du groupe a ses préférences… donc si vous posez à l’un d’eux la même question, il est fort probable qu’il vous cite ces noms dans un ordre différent et peut être même qu’il en rajoute!

Certains d’entre nous préfèrent le groove du Songo, d’autres préfèrent celui de la Timba. La Calle Real est un petit peu un mélange des 2.

Nous écoutons aussi beaucoup de musique cubaine traditionnelle étant donné que nous avons presque tous aussi joué dans différents groupes de Son (modeste petit plus). Je veux bien sûr parler ici d’Ibrahim Ferrer, Omara Portuondo, Guillermo Portabales, Compay Segundo, Trio Matamoros, Septeto Mayor, Cachaito et beaucoup d’autres.

Mais je dois avouer que notre inspiration majeure vient du Jazz (à la fois classique et contemporain), de la Jazz Fusion pour certains d’entre nous, et du Jazz Hardcore pour d’autres. Plus de la moitié des membres du groupe sont issus d’une formation jazz et ont en joué pendant de nombreuses années.

Le Pop Rock et les hits actuels, font également partie de nos influences puisque certains d’entre nous font aussi de la pop music et en vivent.
Pour résumer, je dirais que la Calle Real est un melting pot, un mix d’influences de la musique contemporaine avec le vocabulaire de la Timba pour l’exprimer.

8/ JACK: quelle musique as-tu de chargée dans ton lecteur MP3 au jour d’aujourd’hui ?
Quel genre de musique as-tu l’habitude d’écouter ?

PATRICIO: et bien, en ce moment pour être honnête, j’écoute beaucoup les titres du futur album de la Calle Real, étant donné que nous sommes en plein enregistrement.
Sinon, en temps normal, j’ai plutôt l’habitude d’écouter de la Soul : Stevie Wonder, D’Angelo, Amp Fiddler, Donny Hathaway… Tout dépend de mon humeur !

9/ JACK: bon; Patricio, parle nous de ton futur album ! Tout le monde l’attend impatiemment! J’ai entendu 2 nouveaux titres en live plutôt impressionnants: « ABREME LA PUERTA » et « NO ME DIGAS QUE NO ». Ces 2 titres vont-ils figurer sur le nouvel album ? Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus : le titre du nouvel album, sa date de sortie…etc ?

PATRICIO: c’est exact, nous sommes en train de travailler sur notre nouvel album et je dirais qu’il est pratiquement fini. Il reste encore quelques details post-production à affiner avant le mix final. Si tout va bien le master du CD devrait être prêt vers Février. A partir de là, il faudra compter quelques mois avant qu’il ne soit commercialisé sur le marché. L’affaire n’est pas encore tout à fait conclue donc à suivre…J’aimerais pouvoir vous donner une date exacte de sortie mais je ne peux vraiment pas pour le moment.

Disons qu’en ce qui me concerne; je prévois une sortie si tout va bien pour le Printemps 2009. Mais cela reste du domaine de l’hypothèse.

Pour répondre à ta question, oui les titres que tu as mentionnés figureront sur notre prochain album. En fait, un enregistrement pirate d’une de nos représentations sur scène à un festival Salsa au Venezuela, circule à travers le monde et a même figuré récemment au top ten du hit parade de DJ Melao sur Timba.com.

Je trouve ca assez marrant parce que moi même je ne suis pas en possession de cet enregistrement. C’est tellement agréable de savoir que les gens aiment tant notre musique au point de s’échanger un enregistrement à travers le monde quand même.
Les titres dont tu parles sont :

« Abreme la puerta » : une chanson sur le fait de revenir trop tard à la maison face à un amour fâché !
« La eternidad del amor » : la chanson parle d’un amour que tu as vécu un temps et qui finalement restera éternel quoiqu’il puisse arriver…

Musiciens de Calle Real

10/ JACK: Patricio, quels sont les problèmes que tu as pu rencontrés sur ce projet de sortie de nouvel album ?

PATRICIO: les problèmes que nous avons rencontrés sont essentiellement financiers et logistiques.

Nous sommes 12, et il a été assez difficile de trouver un créneau commun dans nos agendas respectifs plutôt chargés pour l’enregistrement studio, afin de caler les bases, les voix, les cuivres et les détails de post production…Tout cela demande beaucoup de temps. Et avant tout cela, nos titres devaient être finalisés.

Etant donné que nous n’avons pas de compagnie de disque derrière nous, nous faisons tout par nous mêmes. Nous écrivons toutes nos chansons de manière gratuite et nous nous occupons nous mêmes des arrangements. Thomas et moi avons passé un jour par semaine cette année à écrire les paroles et les mélodies. Gunnar, Karl and Petter ont apporté leur propres contributions aux titres en écrivant les arrangements des cuivres pour Thomas et mes chansons.

Donc au final, une fois l’album finalisé, nous commencons avec un déficit d’environ 10 000 euros. Il s’agit donc ici d’un projet basé purement et simplement sur notre volonté personnelle. Nous espérons simplement pouvoir couvrir cette dette dans les années à venir. Jusque là nous n’y sommes malheureusement pas arrivés mais nous continuons quand même.

11/ JACK: peux-tu nous décrire la place de la Timba en Suède ? Le public est il assez large ? Il existe beaucoup de très bons et incroyables musiciens de Jazz – je pense notamment à Esbjorn Svensson : RIP !- mais aussi de salsa en Suède. Peux-tu exliquer ce phénomène ? Cela vient-il de la formation scolaire ? Existe-t-il des formations spéciales ?

PATRICIO: oui c’est vrai. On trouve beaucoup de bons musiciens de renommée internationale en Suède. Cela est peut être dû aux écoles de musique accessibles à tout le monde dès le plus jeune âge mais aussi à une tradition, un héritage et une curiosité pour les musiques du monde.

Il n’est pas question ici de copier ou faire une musique similaire. Il s’agit plutôt d’une façon d’exprimer un désir ou de raconter une histoire, fruit d’une tradition qui existe depuis des années. Je ne suis pas certain, mais je pense que Stockholm va rester pour un moment le « nid bouillant » de la timba. Cependant, il faut garder cela en perspective.

La Timba n’est pas un courant musical à proprement dit comme la pop, le rock , le hip-hop ou même le reggaeton. La Timba est encore confinée à un sous ensemble culturel.

Donc mes amis musiciens sont obligés de travailler avec des artistes des courants principaux pour subvenir à leurs besoins.
Dans un monde meilleur nous pourrions payer nos charges en jouant de la Timba mais c’est loin d’être le cas aujourd’hui.Je crains que ce ne soit la vérité !

12/ JACK: as tu des connections avec JANNE BOGDAN, de Soneros All Stars, un autre tresero suédois ?!

PATRICIO: oui je connais bien Janne du temps où il dirigeait le groupe Stockholm Soneros à Stockholm. En fait, ce groupe a débuté 2-3 ans avant même que la Calle Real ne soit conçue. Ils ont même été les premiers à surfer sur la vague du Buena Vista Social Club avec succès.

J »ai joué avec presque tous les musiciens de ce groupe qui s’est malheureusement dissout quelques temps après.

Aujourd’hui Janne s’implique dans des projets de production de disques Timba avec des musiciens cubains.

Thomas Eby
Thomas Sebastian Eby, chanteur

13/ JACK: quel serait ton rêve en tant que musicien aujourd’hui ?

PATRICIO: mon rêve serait de consacrer plus de temps à écrire de la musique au lieu de passer mon temps à trouver un moyen pour payer le loyer.

Mon second rêve serait de pouvoir faire des tournées plus sérieuses. Je pense que public doit avoir la possibilité de découvrir notre musique live.

Nous sommes déjà partis en tournée au Venezuela, à Cuba, en Ethiopie et au Mali ou nous avons eu de très très bons resultats. Je rêve aujourd’hui de pouvoir partir en tournée en Amérique du Sud, aux Etats Unis et en Europe bien sûr.

14/ JACK: est-ce que vous souhaiteriez faire passer un message en particulier à votre public francais et aux lecteurs de www.fiestacubana.net ?

PATRICIO: j’ai hate de vous voir ce week end en France. Nous sommes tous très impatients d’arriver.

Je crois sincèrement que si nos fans de France ont aimé notre 1er album alors ils vont encore plus apprécier le prochain !

LA CALLE REAL:

Thomas EbyThomas Sebastian Eby a étudié plusieurs années la percussion, notamment au CNSEA à la Havane, Cuba. Il possède un grand sens des arrangements et de la musique dansante. Il a eu une forte influence sur le développement musical du groupe. Même si son intrument principal est la percussion, il est également très demandé pour les vocaux et a tourné avec la plupart des plus grands artistes en Suède. Après 4 années de congas et de vocaux, Thomas a pris le rôle de chanteur principal dans le groupe en 2004.
Patricio SobradoPatricio Sobrado est le directeur du groupe et est l’un des deux qui n’a pas eu de formation musicale ou qui n’est pas issu d’une famille de musiciens. Autodidacte en guitare et tres. Il a été happé par la musique cubaine après plusieurs voyages à Cuba. Armé d’un Masters d’ingénierie Civile du Royal College of Engineering de Stockholm et de plusieurs années d’expérience en tant que chef de projet, il est d’un des fondateurs du groupe en 1999.
Gunnar Thullberg Gunnar Thullberg est un musicien qui est aussi doué à la guitare qu’au piano. Il a également étudié à la Havane. Sa musicalité est étonnante ce qui fait de lui un des pianistes de salsa les plus recherchés en Scandinavie. Son timing brillant et son groove conduit la section rythmique du groupe. Gunnar a rejoint Calle Real en 2002 en tant que guitariste puis s’est mis au piano quand la direction totale du groupe a été modernisée. A côté de ses études d’économie à l’Université, Gunnar est un musicien freelance qui a joué avec notamment Calixto Oviedo y La Recompensa, Gilito y su clave, La Tremenda, Horace Korn et Hans Solo Super Orchestra.
Andreas UngeAndreas Unge est probablement connu aujourd’hui comme l’un des bassistes les plus demandés en Europe. Il est également un producteur respecté et participe à l’élaboration de nombreux hits commerciaux pour des artistes européens. Andreas est diplômé du Musikkonservatoriet (Royal Music College) de Copenhague. Il a joué avec Ricky Martin, Christian Waltz et Simone Moreno comme avec des chanteurs suédois comme Robyn, Jennifer Brown, Jessica Folcker et Stephen Simmonds. Andreas a rejoint Calle Real en 2003 et est devenu un pilier de la section rythmique du groupe par sa vertu de la précision et la confiance qu’il donne. Il est un des rares à posséder une Azola Baby bass, typique pour jouer de la Timba.
Rickard ValdesRickard Valdés est le second du groupe à ne pas avoir une formation musicale. Né et élevé dans une famille musicale légendaire. Son père Bebo Valdes a gagné 5 fois le Grammy. Comme son frère, Chucho Valdés (Irakere), grand joueur de piano Latin Jazz et recompensé de Grammy, l’héritage musical coule dans ses veines. Rickard a rejoint le groupe en 2000 et a commencé par les bongos, puis les timbales et enfin les congas. Mais son instrument principal reste les Timbales. Avec son feeling spécial pour la musique cubaine, il est un des piliers de la section rythmique. Il a joué dans le groupe de son père pendant 8 ans et a participé à la victoire pour le Grammy du meilleur album « Lagrimas Negras » et « Bebo de Cuba ». Aujourd’hui percussionniste freelance , il a déjà joué avec Bebo Valdés, Chucho Valdés, Paquito D´Rivera, Giovanni Hidalgo, Patato Valdés, Juan Pablo Torrés, Francisco Aguabella, Diego Urcola, Michael Mossman, Mario Rivera, Luis Bonilla, Milton Cardona, Joe Gonzales, Pablo Calogero, Steve Berrios, John Benitez, Andy González, Jerry González, Dafnis Prieto, Raul Agraz, Bobby Porcelli, Douglas Purviance, Papo Vázquez, Ray Vega et Alicia Keys.
Harry WallinHarry Wallin a étudié la musique plusieurs années dans différentes écoles de Suède. Batteur, il est capable de jouer de la pop, du rock, du R&B, soul, jazz, afro pop et aujourd’hui de la timba. En tant que fils du pianiste de jazz Per Henrik Wallin, Harry a grandit dans un environnement musical et a hérité de dons musicaux. Harry a rejoint la CALLE en 2002 et a commencé à la batterie. Lorsque le groupe s’est développé, Harry s’est mis à la batterie et aux timbales comme il se doit de le faire à Cuba ! Musicien freelance, talentueux est lui aussi très demandé !

Jacek, Petter, Magnus, Cezary
Jacek, Petter, Magnus, Cezary


Jacek Onuskiewicz
est né en Pologne en 1980 et a commencé la trompette à l’âge de 13 ans. Il étudie actuellement au Kungliga Musikhögskolan (The Royal Music College en Suède). Jacek est devenu member de la Calle en 2005 et s’est fait depuis connaître pour sa capacité à jouer avec talent les notes les plus hautes. Musicien freelance également.

Petter Linde, trompettiste, est diplômé de Kungliga Musikhögskolan (The Royal Music College en Suède) en jazz et en musique Afro-Americaine. Petter a intégré le groupe en 2001 et est aujourd’hui en charge de la section de cuivres. Petter arrive aujourd’hui à vivre de la musique grâce à ses participations à plusieurs groupes suédois.

Magnus Wiklund tromboniste suédois. Informations non communiquées. NC.

Cezary Tomaszewski est un tromboniste expérimenté qui a étudié dans plusieurs écoles différentes. Sa sonorité particulière fait de lui un musicien très recherché, collant parfaitement à la musique de la Calle Real qu’il a intégré en 2005. Cezary a joué avec Florence Valentin et La Tremenda.

Karl Kalle FridKarl « Kalle » Frid, tromboniste très talentueux et est sorti d’écoles aussi prestigieuses que The Royal College of Music à Londres et le CNSEA à la Havane, Cuba. Kalle est aussi diplômé de The Royal Music College en Suède? Il a rejoint le groupe en 2003. Au départ, il a créé avec Petter la section de cuivres, pour se metre ensuite aux vocaux et au güiro. Aujourd’hui Kalle est un musicien également très recherché !