Documentaire de Rigoberto Lopez, Cuba, 1997, environ 100 minutes
Ce film réalisé à l’initiative d’Issac Delgado nous présente une vision cubaine des origines de la Salsa, avec le célèbre chanteur dans le rôle du meneur de jeu. L’enracinement de la Salsa dans le Son, ainsi que le rôle fondamental des musiciens cubains dans la genèse de ce style musical – de Benny Moré et Perez Prado à Celia Cruz en passant par Mario Bauza, Machito et Chano Pozo – sont mis en lumière à travers un ensemble très riche et bien rythmé d’images d’archives, d‘entretiens et de commentaires dits par El chevere de la Salsa.
Parmi les orchestres historiques que le film nous permet d’apprécier, on peut citer le Trio Matamoros, le Septeto de Ignacio Piñeiro, les orchestres d’Arsenio Rodríguez, Benny Moré, Félix Chappotin, Pérez Prado, Dizzy Gillespie, Machito, Tito Puente et Tito Rodríguez, ou encore la Sonora Matancera. Et parmi les artistes plus récents, on reconnait Eddie Palmieri, Larry Harlow, Oscar D’León, Andy Montañez, la Sonora Ponceña, El Gran Combo de Puerto Rico, Los Van Van, Isaac Delgado…
Les témoignages de nombreux acteurs majeurs – entre lesquels se détachent les figures de Eddie Palmieri, Johnny Pacheco, Tito Puente, Celia Cruz et Oscar d’Léon – sont également mis à contribution pour nous conter l’histoire du genre tout en illustrant l’un des leit-motive du film : la Salsa n’est qu’un terme commercial inventé aux Etats-Unis pour promouvoir sur le marché international différentes expressions modernisées des musiques populaires caraïbes et notamment cubaine. Parallèlement à la description de la scène New-Yorkaise, de longs développements sont consacrés aux évolutions de la musique cubaine au cours des années 1960 et 1970, avec la création des groupes Irakere puis Van Van, qui prépare l’explosion de la timba contemporaine.
Ce discours subtilement revendicatif réduit quelque peu le rôle de la scène New-Yorkaise à sa dimension commerciale, en sous-estimant la valeur proprement artistique du processus de métissage et d’innovation dont elle a constitué le creuset. Mais, s’appuyant sur un corpus documentaire et analytique de grande qualité, Yo Soy permet aussi de replacer la genèse de la Salsa dans un contexte plus large, celui de l’évolution d’ensemble de la musique caraïbe aux cours de la seconde moitié du XXème siècle. Le film constitue de ce fait une œuvreincontournable pour les amateurs de ce genre musical.
Fabrice Hatem
Pour visionner ce documentaire : http://www.youtube.com/watch?v=f4420xqy5Zo
A noter qu’un album de 36 titres, reprenant les principaux thèmes musicaux du documentaire, a également été réalisé. Pour plus d’informations : http://www.artistdirect.com/nad/store/artist/album/0,,305859,00.html
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