Cette chanson de Timba a été écrite par Juan Formell. Elle a été enregistrée avec la voix de Roberto Hernandez dans l’album Chapeando en 2004.
Son texte s’inscrit dans la tendance, perceptible depuis une quinzaine d’années déjà à Cuba, à un intérêt de plus en plus marqué pour les traditions religieuses afro-cubaines, désormais considérées comme l’une des expressions les plus authentiques de l’identité nationale. Un nombre croissant de Cubains de toutes origines sociales et ethniques pratique donc aujourd’hui les rites de la Regla de Ocha.
L’une des manifestations de cet engouement est la référence de plus en plus fréquente aux Orishas dans la chanson cubaine contemporaine : les personnages d’Obatala, Chango et Yemaya sont désormais devenus omniprésents dans la Timba.
Ecrite il y a presque 10 ans, Chapeando a sans doute joué un rôle précurseur dans ce mouvement. Son texte se présente comme une sorte d’hymne religieux construit sur la structure d’une Timba. Ceci peut être considéré comme une forme d’hommage aux racines africaines de la chanson cubaine. En effet, la seconde partie des Son Montuno – style dont est directement dérivée la Timba – est structurée par un dialogue entre le chanteur soliste enchaînant des couplets semi-improvisés et chœurs répétant de manière obsessionnelle un refrain. Cette structure est directement dérivée des chants africains et se retrouve notamment dans les chants religieux en l’honneur des Orishas. En ce sens, la Timba néo-rituelle Chapeando peut être considérée, sur un plan musicologique, comme un retour aux origines – une manière, en quelque sorte, de « boucler la boucle ».
Le texte de la chanson contient de nombreux termes d’origine Yoruba faisant référence à différentes divinités, rites et concepts de la Regla de Ocha – la religion des Orsishas. Les traduire en français ferait évidement perdre toute sa saveur – et sa vérité – au texte original. Aussi, j’ai préféré les conserver tels quels, tout en vous livrant un petit lexique des mots d’origine africaines apparaissant dans Chapeando, classés selon leur ordre d’apparition :
Yemaya : déesse de la mer et des océans
Oromi : avatar ou « chemins » de Yemaya et de Oshun (mères des esprits des eaux)
Yocoda : autre nom désignant Yemaya
Iré : force, énergie positive
Agua sala : eau salée ; par extension Mer, Océan.
Oro : battement des bata (tambours sacrés)°
Olofi : Dieu Suprème dans la Régla de Ocha
Guayacán : arbre tropical
Elagua : dieu des chemins et du destin
Aché : bénédiction
Iya mi ile : je respecte, je paie tribut à
Oba : déesse de la fidélité conjugale et des étangs
Ocha : santeria, règle de Ocha
Bonne écoute et bonne lecture !
Fabrice Hatem
Ses interprétations par le groupe Los Van Van | |
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Ses paroles en espagnol[1] | Sa traduction en français |
Chapeando Oromi mama Yocodá Oromi Aunque sabemo’ que estamo’ Iré Oromi Oro Atención pueblo de Cuba Oromi Oro Yo vengo allá de lo’ monte’ Oromi Oro A enseñarte la verdad Oro mi Oro Iyá mi ilé Oró Es que yo soy así Van Van viene Van Van viene como va Van Van viene Mi aché mi Aché Van Van viene Y es que vengo Van Van viene ¡Mira! Chapeando (rép.) | Débroussaillant Oromi mama Yocodá Oromi Même nous savons que nous sommes Iré Oromi Oro Attention peuple de Cuba Oromi Oro Je viens là-bas, de la forêt Oromi Oro Pour t’enseigner la vérité Oromi Oro Iyá mi ilé Oró C’est que je suis comme ça Van Van vient Van Van vient comme cela Van Van vient Mon aché mon Aché Van Van vient C’est que je viens Van Van vient Regarde ! Débroussaillant… |
Références complémentaires – Pour un présentation générale du groupe Los Van Van |
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