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091019 unedanden

On l’attendait depuis longtemps ce dernier opus de Dan Den, légendaire orchestre dirigé par le talentueux pianiste Juan Carlos Alfonso.  » Fiestas de Cuba  » est très attendu notamment par tous ceux qui, comme moi, reconnaissent en cet orchestre un rôle important dans la scène musicale cubaine et un  » sabor  » incomparable.

Depuis leur concert historique en 1988 lors des fêtes de Bejucal et grâce à leur tout aussi mythique premier disque  » Siempre hay un ojo que te ve « …la magie continue d’opérer ! Le triomphe était immédiat à Bejucal, petit village de traditions festives, de congas  » arrolladoras  » et  » campanitas  » ; berceau de Juan Carlos Alfonso et de l’excellent chanteur Alfonsito Contreras.

La Havane était un défi pour eux. Ce n’était pas facile, particulièrement face à l’inévitable Van Van, à Ritmo Oriental, à Adalberto Alvarez, mais aussi à l’émergent N.G. La banda ou encore aux conjuntos Rumbavana, à Yaguarimù, à L’Opus 13 ; sans compter la rivalité avec la Revé, l’orchestre-mère dans lequel le même Juan Carlos Alfonso avait débuté. Ce qui lui a permis de lancer Dan Den. Pour avoir une idée de leur popularité, sachez que Dan Den détient toujours le record d’affluence du Salon Rosado de la Tropical, le temple de la danse à La Havane. Dans les années suivantes, leur son rencontre la salsa romantica, toujours très populaire en Colombie, au Mexique et au Pérou où l’orchestre continue à avoir un grand succès. Quand la salsa-balada se marie avec le son typique de l’orchestre un double répertoire s’impose, ce qui va inévitablement décevoir certains mais en réjouir d’autres. Dans ce disque, Juan Carlos Alfonso a choisi de présenter les deux âmes de l’orchestre avec 8 nouvelles compositions et 4 rééditions des classiques de son répertoire romantique. Qui sait, peut-être que quelqu’un aimerait bien réécouter les notes de cette chanson – maintenant un classique balada-salsa – parlant d' » un corps qui n’est pas fait de métal, de bois ou de carton  » … Beaucoup d’autres penseront que cette démarche ressemble à un terrible  » arroz con mango  » comme on aurait dit à Cuba ! Pour les goûts existent les couleurs et Dan Den a décidé d’utiliser toute la palette !

Je voudrais mettre l’accent sur les nouveautés de ce disque, des titres inédits dont j’ai particulièrement aimé  » Le inconformidad « ,  » Dejate de destacarte  » et  » Me obligaron a pensar asi « , tous composés par Juan Carlos Alfonso. On y trouve, en dépit de vingt ans d’existence, la même énergie du début de l’orchestre, un éclectisme musical et la force d’un son original conjugué à différents styles.

J’adore le goût de ses arrangements, la beauté de ses trombones, le tumbao inimitable de Juan Carlos Alfonso, la nouveauté de cette flûte charanguera formant un tissu avec le riff des trombones ; puis la belle voix de Barbara, une authentique sonera injustement sous-estimée, qui me rappelle à son tour la voix de Jaqueline Castellanos, un modèle pour la génération de Yeni, Haila et Tania.

 » Fiestas de Cuba  » est un disque à écouter avec plaisir et à apprécier comme la visite d’un ami resté longtemps loin de nous.